Campaniste, les origines de ce métier
L'appellation de ce métier est aussi contemporaine qu'il est ancien. Tellement il recouvre de spécialités différentes, il n'y avait pas de nom qui le désigne. On parlait parfois de réparateur de clocher. Jusqu'à ce qu'un... campaniste, justement, Mr. Laumaillé, avec de la ténacité, le fit entrer au dictionnaire autour de 2005.
Lisez à ce sujet le très interessant article de Jaroslav Štichauer ( Université Charles de Prague), paru en 2006 dans le magazine Études Romanes de Brno. On y voit comment ce nom a bien été choisi.
Extraits de ce texte qui date de 2006
Campaniste. Un vieux métier.... Tout juste inventé il y a quelques mois, officialisé en octobre, le mot « campaniste », qui désigne le spécialiste intervenant sur les cloches, ne devrait pas mettre longtemps à forcer les portes du dictionnaire. Campaniste sonne agréablement à l’oreille (...). Le mot est dérivé du latin campana (cloche), qui a donné campanile, et ne devrait pas agresser les oreilles académiques. Bizarrement, les facteurs de cloches n’avaient pas de nom bien défini. Campaniste sera donc leur nouvelle appellation.» Ce nom, désignant «le spécialiste intervenant sur les cloches», «le facteur de cloches» désigne-t-il également le fondeur de cloches? La liste des Métiers d’Art définis par l’Arrêté du 12 décembre 2003 et signé par Renaud Dutreil, secrétaire d’Etat aux Petites et Moyennes Entreprises, à l’artisanat et aux professions libérales ne comporte que deux professions de l’art campanaire : fondeur de cloches et sonnailles et campanologue.
Lire aussi Beffroi, campanile et clocher sur ce thème
Des campanistes sur San Marco?
On trouve des campanistes dans tous les pays mais peut-être n'ont-ils pas la chance d'avoir un nom qui les définit correctement. Par exemple, la photo qui illustre cette page a été prise à Berlin. Deux campanistes réparant l'horloge de la mairie de Schöneberg, celle ou Kennedy a fait sont discour en 1963 "Ich bin ein Berliner"
Les origines du métier de campaniste: un voyage dans le temps
À force de parcourir les encyclopédies, les dicos et divers bouquins, j'ai décidé de vous pondre ce petit historique du métier de campaniste. Déjà, rien que le titre rappelle les meilleurs reportages sur Arte : les origines du métier de campaniste: un voyage dans le temps :-)
Il y aurait certainement plus à dire, mais, comme disent les américains, "c'est juste pour faire rouler le ballon"
Des sonneurs aux premiers artisans
Dès le Moyen âge, les cloches étaient présentes dans les monastères et les églises. Elles rythmaient la vie quotidienne et servaient d’alarme en cas de danger. C’était aux moines d’actionner les cloches à l’aide de cordes ou de leviers.
Au fil du temps, la complexité des cloches et des beffrois s’accrut, nécessitant l’intervention d’artisans spécialisés. Ces pionniers du métier de campaniste étaient à la fois :
Fondeurs de cloches : ils maîtrisaient l’art de couler le bronze en forme de cloche, en s’adaptant aux besoins sonores et aux dimensions des beffrois.
Forgerons : ils fabriquaient les ferrures et les armatures nécessaires pour soutenir les cloches et les installer dans les beffrois.
Charpentiers : Ils construisaient les beffrois en bois, en veillant à leur solidité et à leur résistance aux intempéries.
Outils et techniques ancestrales
Les outils utilisés par ces premiers campanistes étaient rudimentaires mais efficaces, d'ailleurs les moules n'ont depuis, sans doute pas beaucoup changé, voire pas du tout :
Moules en argile : ils servaient à former la forme de la cloche avant la coulée du bronze.
Marteaux et burins : ils servaient à tailler les détails et les inscriptions sur la cloche.
Cordes et poulies : elles servaient à soulever les cloches et à les faire pivoter.
Leviers et treuils : ils permettaient d’installer les cloches au sommet des beffrois.
3 momen ts importants de l'histoire des campanistes
La Renaissance : Cette période a connu un essor important dans la construction de beffrois et le développement de techniques de sonnerie plus complexes.
La Révolution française : De nombreux beffrois ont été détruits pendant cette période, car ils étaient considérés comme des symboles de l’Ancien Régime.
Le XIXe siècle : Le développement de l’horlogerie a permis d’automatiser la sonnerie des cloches, réduisant ainsi le besoin de sonneurs manuels.